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Alors ?.. Euro ?!!

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J'entends ça et là dans la presse que l'Europe souhaite moraliser les marchés, moraliser les spéculateurs et moraliser les agence de notations. Aux dires mêmes de notre Président à nous qu'on a en France. C'est sûr on est sauvé ! En tous les cas j'espère que nombre de citoyens français seront rassurés par cette annonce... à défaut qu'elle puisse devenir un jour réalité.

Les raisons de mon scepticisme sont simples. Concernant la spéculation, le gouvernement français, et plus largement les gouvernements européens, n'ont aucun moyen solide pour faire pression sur les acteurs en bourse. Si des sociétés spécialisées veulent spéculer sur les marchés européens depuis des marchés hors du vieux continent, aucune législation ne pourra les contraindre à faire autrement, la législation européenne s'arrêtant aux porte de l'Europe. Mieux, si il n'était pas possible pour ces mêmes sociétés de spéculer sur le marché européen, ce marché serait délaissé au profit de marchés situés ailleurs. Et un marché qui ne connait pas d'activité est un marché qui s'effondre.

Il ne faut surtout pas oublier qu'il n'est pas seulement question de spéculations sur des entreprises ou de capacité à des pays comme la Grèce à rembourser sa dette. La spéculation peut toucher absolument tout ce qui possède une cotation en bourse. Les entreprises, avec un gel des investissements, des délocalisations et des licenciements à la clé si elles ne sont pas en mesure d'exercer une activité de croissance. Également l'énergie et les matières premières comme le blé ou le riz ; empêchez de spéculer sur des valeurs privées et c'est le cours de ces matières premières qui sera visé pour s'envoler et ne plus être accessible. Avec cette fois-ci un mécontentement de la population si elle n'est plus en mesure de se chauffer ou de se nourrir, un chaos au sein de la société, une défaite pour les gouvernements. Je serais curieux de savoir comment les États membres de l'Europe pourraient faire pression dans un tel cas de figure ou se sortir de l'ornière vu l'état des finances de chacun.

Et puis, c'est bien beau de dire qu'il faut moraliser les marchés, moraliser les spéculateurs alors même que l'État français est lui-même un spéculateur par l'entremise, entre autre, de la Caisse de Dépôts de l'aveu même d'un de ces directeurs, Pierre Ducret. Je peux également citer feu l'entreprise publique Gaz-de-France via sa filiale Gaselys (toujours en activité et passée entre les mains de GDF Suez). Le fait d'arme le plus récent c'est le prêt fait par l'État Français à la Grèce avec un taux d'intérêt à 5%. Le simple fait qu'il y ait un taux d'intérêt montre qu'il y a un risque, celui que la Grèce ne puisse pas rembourser. C'est aussi une forme de spéculation. Et celle-ci, c'est le contribuable grec qui va directement la payer. Moraliser... De qui se moque-t-on ?

Concernant les agences de notations, les trois principales sont Moody’s, Standard et Poor’s et FitchRatings. Cette dernière est une multinationale, propriété de Fimalac, un groupe français. Les autres sont des sociétés américaines. Moraliser les agences de notation est un vœu pieux qui n'aura pas d'effet concret. Je vois assez mal comment les gouvernements pourront appeler à la moralisation de ces agences de notations. D'une part par ce que je ne vois pas par quelle légitimité les États pourraient influencer les agences de notations hors de l'Europe. Ici encore la parole de l'Europe s'arrête aux frontières extérieures de l'ensemble de ces États membres.

D'autre part que ce que le cadre très particulier des agences de notation garantie une totale indépendance pour éviter les conflits d'intérêt : aucun État et aucune banque ne peut prendre part à ces sociétés, y compris indirectement par voie légale. Imaginons un instant que l'Europe ait pu légalement intervenir dans les notations émises concernant l'État grec. Il y aurait eu un conflit d'intérêt certain, l'Europe souhaitant masquer un fait bien réel : que les finances de la Grèce sont en très mauvais état. Toutefois, on peut être en droit de se demander si les agences de notation sont réellement neutres. On retiendra de l'histoire que les notations émises concernant le groupe pétrolier Enron était bonne quatre jours avant que cette puissante société américaine ne fasse faillite. Soit elles émettent des avis purement consultatifs peu fiables et je ne vois pas à quoi bon les suivre dans ce cas, soit le contraire : on va au delà du simple avis et on entendre dans le cadre de l'expertise qui est une parole sûre à suivre avec des moyens conséquents pour savoir ce qui se passe. Entre les deux, il y aurait des collusions éventuelles.

En aparté, je me demande si, dans une certaine mesure, l'Europe - et surtout les États membres les plus puissants - ne souhaitent pas justement influencer les agences de notations parce qu'ils savent que leurs finances ne sont pas saines et qu'une sanction boursière pourrait bien leur tomber dessus à leurs tours, précipitant ces nations dans une crise aussi grave que celle qui s'amorce en Grèce. A ce titre, je trouve particulièrement étonnant que la France annonce un plan de restriction budgétaire pour les trois prochaines années, là maintenant. Je ne crois pas un seul instant à un hasard du calendrier : tout le monde sait depuis longtemps que le train des dépenses de l'État français va croissant en même temps que la dette publique et que la France ne respecte pas les accords de Maastricht (la France est au dessus du maximum de 60% du PIB depuis 2003, grimpant à 77,6 % en 2009 selon les chiffres publiés par l'INSEE. Et de rassurer le peuple français : il ne s'agit pas d'un plan d'austérité puisque la TVA n'est pas réévaluée à la hausse, les impôts ne sont pas touchés et les retraites conservées en l'état. Pour l'instant...

En tous les cas une chose est certaine : la crise financière que l'on connait depuis quelques mois maintenant est désormais sous contrôle fragile aux États-Unis mais qu'elle n'est pas pour autant terminée. Les prochains épisodes à venir ne me semblent pas être particulièrement joyeux. Je prédis que la monnaie Européenne va encore doucement s'enfoncer, les États membres de l'Europe vont être encore très fortement ébranlés, puis la contagion va dépasser les frontières de l'Europe, les marchés se tournant vers les matières premières (pour certaine sous perfusion, comme c'est le cas pour l'agriculture et l'élevage) pour continuer de produire des bénéfices spéculatifs, atteindra les États-Unis, l'Asie et d'autres continents.

Je crois très sincèrement que le modèle capitaliste actuel a atteint ses limites et on ne sortira pas de cette crise aussi longtemps qu'il ne sera pas revu en profondeur. A notre niveau de citoyens, ne restent plus qu'à serrer les dents en attendant que la vague s'abatte sur nous.


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